Retour. | |
Ce site est un condensé de certaines activités que j’aime pratiquer : peindre, voyager, écrire, photographier, imaginer. En ce qui concerne la peinture, je ne suis pas un technicien. Je suis un pur autodidacte et je le revendique. J’ai découvert cette activité à la naissance de ma fille Anaëlle en 1991. Créer était sans doute pour moi à cette époque particulière une manière de compenser mon impossibilité de porter la vie. Je crois que les hommes sont ainsi faits. Ils ont besoin de valider leur existence même si les options qu’ils choisissent ne sont malheureusement pas toujours les plus sages. La peinture est une manière comme une autre d’être au monde, d’exister, de donner à voir, d’être reconnu parfois, de laisser une courte trace et aussi pour moi de transmettre un message. Du moins c’est ce que je perçois en essayant de jeter sur une planche de bois vierge, un peu de moi même. Je me suis toujours refusé à ouvrir un quelconque manuel de technique picturale. ( Dans ce domaine vous en savez certainement beaucoup plus que moi .) Je fais tout au feeling, en m’inspirant parfois d’un regard sur les œuvres des grands maîtres de la renaissance, pour trouver les lignes . ( Je suis un piètre dessinateur, mais j’ai progressivement découvert que peindre et dessiner étaient deux choses totalement différentes. Cela m’a permis de poursuivre ma recherche.) Je ne peins que des portraits. Allez savoir pourquoi ? Ce furent en tout cas mes premiers pas . Quatre petits portraits que j’ai dessiné vers 10, 11 ans au crayon à papier. Cela avait plu à ma mère… Cela vient peut être de là. (Sans souvent le savoir, nous sommes tous empêtrés dans les rets du passé et de l’affectivité.) Je peins toujours sur du bois aggloméré. Au début , c’était pour des raisons économiques puis peu à peu, c’est devenu une marque de fabrique. C’est vrai que ce n’est pas un matériau noble. Rien à voir avec une bonne planche de chêne ou de noyer, mais j’en ai fait mon unique support . Peindre, c’est se donner l’illusion de rivaliser avec le temps qui passe,le figer dans l’instant du dernier coup de pinceau. C’est faire durer une image quelques temps. L’agloméré est fragile, friable, je le sais,mais quelques années ou quelques décennies, cela me suffit puisque je pense que ni vous, ni moi n’irons beaucoup plus loin. Je ne cherche pas à durer puisque rien ne dure… De surcroit je crois à la prochaine fin de ce monde. Et puis j’aime bien cette idée d’aglomérat: aglomérat de molécules, de couleurs, de bois, de colle qui peu à peu se délite et disparaît pour créer autre chose. J’aime aussi le grain de l’agloméré. Je ne sais pas peindre sur une toile. Je rate. Lorsque je peins, c’est comme un enfantement. Je n’ai qu’une vision très partielle du résultat final. Juste un projet un peu flou: Peindre un portrait . Lorsque je signe je suis toujours étonné du résultat. J’ai le sentiment que ce que je vois, que ce que j’ai peint ne m’appartient pas. Qui a guidé ma main ? J’éprouve le même questionnement avec la pensée, avec l’écriture. Pourquoi cet agencement d’idées plutôt qu’un autre ? Le mystère demeure : secrets de mon inconscient, esprits surgis du passé, dieu, le diable ? Je m’amuse à imaginer toutes les possibilités sans y croire vraiment . Je ne suis pas fou, juste un peu rebelle et allumé. Peindre n’est pas spécialement agréable pour moi, plutôt un état de tension , une destructuration provisoire, une souffrance parfois, mais la contemplation du résultat me donne du plaisir. Mes œuvres me fascinent. Je suis dans la toute puissance en les contemplant. Je m’y noie. Je m’extasie. Souvent la nuit , sans témoins, sans commentaires, sans rivaux, à la lueur d’une bougie ou d’une lampe torche, je me décerne l’auréole du puissant, du fort, de l’absolu. Je trouve mes tableaux habités. Rien à voir avec une nature morte … C’est un vrai plaisir narcissique mais réel. Parfois la magie de ces instants dure le lendemain et les jours et les mois suivants. Parfois non, alors je brûle ou j’abandonne au vent, à la pluie, au gel ces œuvres qui ne me renvoient pas ce que j’attends d’elles: une charge de puissance, de sentiments ou de peur ; une force qui me dépasse. Parfois encore je les balaie de furieux coups de pinceaux, les transforme, les saccage, et les ressuscite. Le pouvoir de faire renaitre quelque chose de nouveau, n’est ce pas magnifique ? Je peux ainsi exprimer toute la violence de mes sentiments sans nuire à autrui. C’est mieux que la guerre. Mieux je suppose que ces jeux vidéo dont j’ignore tout, mais qui au delà du défoulement, finalement ne créent rien. Nombreux sont mes tableaux qui matérialisent sous une forme figurative l’idée du mal, l’image du diable.( Les triffrons, tricéphales en font partie puisque je viens d’apprendre que pour le vatican, ils symbolisent satan.). Mais je ne suis pas adepte d’aucune secte et encore moins d’un quelconque diable. Je tiens trop à mon unicité pour me plier aux ordres d’un gourou. Bien au contraire je veux exprimer mon désespoir, mon écoeurement, mon dégoût lorsque je regarde l’état du monde. Je ne peux m’empêcher de penser que celui qui nous gouverne, le maître du monde et ces subordonnés qui nous dominent, sont animés par le mal. Je veux les dénoncer, non pas les idolâtrer. Depuis des siècles, une prière demeure inexaucée. « Notre père qui êtes aux cieux, délivrez nous du mal, que votre règne vienne » et dans la lignée de Munch, à ma manière, je hurle mon cri. Je veux exprimer ma souffrance, ma colère, mon incompréhension. Je veux dire que jour après jour que la majeure partie de l’humanité plonge dans le chaos, la misère et subit une injustice de plus en plus manifeste. Je veux déranger, choquer, bousculer, renverser cet ordre établi dans lequel nos chiens et nos chats sont mieux traités que des milliards de nos semblables. Je garde de mes voyages en asie et en afrique l’odeur amère de la misère. Heureux les occidentaux, les peuples du Nord, ceux qui festoient à la noël. Nobles de ce nouvel âge, armés, corrompus, cruels et insouciants, psychopathes de cette nouvelle ère. Heureux les européens, les américains aliénés et fats. Heureux, mais pour combien de temps encore ? Parfois, souvent désormais, mon cœur est plus léger. |
|
![]() |